Friday, April 24, 2009

Friday, November 28, 2008

Sunday, June 29, 2008

Sunday, May 25, 2008

1/10ème

Projet réalisé dans le cadre du concours photo du BDA de Sciences Po, sur le thème "Errance"

Le temps s'enfuit, le monde m'échappe; par habitude ou lassitude, je ne m'arrête plus sur rien. J'oublie de regarder, d'interroger, de réfléchir. Je me laisse porter par mon agenda, pour le reste, il n'y a jamais le temps. Pas le temps pour aller plus loin, pas le temps pour mettre en abîme, pas le temps pour chercher un sens. 
Alors je fixe, un à un, tous ces moments qui m'échappent. Pour défier le temps qui passe. Pour pouvoir me rappeler ceux qui m'ont marquée. Pour chercher la profondeur derrière les banalités. Pour ne pas me laisser dévorer.
Un dixième de seconde, rien du tout dans un agenda survolté.
Clic.
Clic.
Clic.

Thursday, March 20, 2008

Friday, February 1, 2008

Mémoire des corps

Projet réalisé dans le cadre du workshop Artskool/ Sciences Po à Performing Arts Forum sur le thème « Le corps dans l’espace »

Une ancienne abbaye, entre quelques ruelles et tout de suite les champs. Abbaye, pensionnat, lieu à tout faire ou quelque chose comme ça. Un immense dédale, si plein d’évidences de tous les instants qui s’y sont déroulés. Carrelages défoncés, planchers craquants, robinets rouillés ; poussière et insolite dans tous les coins. Ici un pupitre, là des lits sans queue ni tête, une foule de pianos, un immense balai résigné à la poussière ; un mécanisme d’horloge qui ne voit que le temps qui passe, un ressort qui s’évade sans heurts d’un fauteuil, quelques araignées s’installent tranquillement dans une douche au milieu du couloir. Personne, dans tout ça, rien qu’un silence étonnant, sombre, plus profond même que celui d’un désert. A bien l’écouter, il bourdonne aux oreilles, et pourchasse partout. Plus d’autre moyen pour lui échapper que d’imaginer tous les sons qui ont pu lui faire face, chercher les traces sonores de tout ce qui a pu se passer ici, en écho des traces visuelles qu’ont laissées les corps qui y ont vécu au moins un instant, que l’on décèle derrière chaque porte…




Tuesday, January 29, 2008

Sehnsucht

Exil. Du latin exsilire, « sauter hors de »
Expulsion de quelqu’un hors de sa patrie, avec défense d’y rentrer ; situation de la personne ainsi expulsée. Par extrapolation littéraire : obligation de séjourner hors d’un lieu, loin d’une personne que l’on regrette.
Situation de quelqu’un qui est obligé ailleurs de vivre ailleurs que là où il est habituellement
Exil volontaire : qu’on s’impose selon les circonstances, le danger (= expatriation)

La représentation commune de l’exil part de l’idée que chacun est attaché à quelque chose de fixe (le plus souvent un lieu, auquel la personne est rattachée par une histoire, des racines : « mère-patrie », maison familiale, lieu de l’enfance… mais on peut aussi penser à une culture particulière). Cet objet est connu et familier, et fait partie de l’identité de la personne à tel point qu’elle sent une profonde concordance entre elle et cet endroit, elle s’y sent « chez elle », en adéquation avec ce qui l’entoure. Une personne est rarement seule à être rattachée à un endroit, et tous ceux ayant en commun cet attachement profond à un lieu particulier peuvent être définis comme une communauté. L’exil est pensé comme le fait de s’éloigner de cet endroit, que ce soit forcé (expulsion) ou volontaire (expatriation), les réfugiés se situant à la frontière, floue, des deux possibilités. Dans tous les cas, l’exil est vécu comme une blessure, source de nostalgie pour ce qu’on a quitté : la nouvelle situation est différente de celle où l’on se sent à sa place, donne une sensation de décalage et d’étrangeté et induit un manque, la souffrance de la séparation d’avec le lieu et les siens.
Et si la situation était inversée ? Si l’on se sentait décalé dans l’univers qui devrait être le nôtre, étranger au milieu de ses « semblables », exilé interne ? Si, simplement, l’on recherchait l’étrange et le décalage, rejetant le connu et le familier ? L’exil serait alors un choix, et pas source de souffrance ; l’éloignement, le voyage, le dépaysement ne seraient non plus nostalgie mais extase. Fuite ? Mouvement perpétuel ? Ou recherche de ce que l’on reconnaîtra comme « chez soi » ?

« Le retour, en grec, se dit nostos. Algos signifie souffrance. La nostalgie est donc la souffrance causée par le désir inassouvi de retourner. Pour cette notion fondamentale, la majorité des Européens peuvent utiliser un mot d’origine grecque (nostalgie, nostalgia) puis d’autres mots ayant leurs racines dans la langue nationale : añoranza, disent les Espagnols, saudade, disent les Portugais. Dans chaque langue, ces mots possèdent une nuance sémantique différente. Souvent, ils signifient seulement la tristesse causée par l’impossibilité de retour au pays. (…) Les Allemands utilisent rarement le mot nostalgie dans sa forme grecque et préfèrent dire Sehnsucht : désir de ce qui est absent ; mais la Sehnsucht peut viser aussi bien ce qui a été que ce qui n’a jamais été (une nouvelle aventure) et elle n’implique donc pas nécessairement l’idée d’un nostos.
(…)Calypso, ah Calypso ! Je pense souvent à elle. Elle a aimé Ulysse. Ils ont vécu ensemble sept ans durant. On ne sait pas pendant combien de temps Ulysse avait partagé le lit de Pénélope, mais certainement pas aussi longtemps. Pourtant on exalte la douleur de Pénélope et on se moque des pleurs de Calypso. »
(Milan Kundera, L’ignorance)